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Biographie T. Dumoncel

Biographie E. Liais

L'espace céleste



Biographie d’Emmanuel Liais : (d’après J. Ancellin, 1985. Un homme de science du XIXe siècle : l'astronome Emmanuel Liais, 1826-1900, Mémoires de la Société des Sciences de Cherbourg. Coutances, OCEP.

E. Liais fit de bonnes études secondaires au collège de Cherbourg, en manifestant un vif attrait pour les sciences et en particulier pour l’astronomie. Jeune scientifique, il réalisa entre autre la description d’une horloge électromagnétique, un certain nombre d’observations météorologiques, présentées lors de séances de l’Académie des Sciences de Paris, et attira l’attention des savants parisiens, et en particulier de François Arago.
Sa carrière a été marquée par plusieurs séjours au Brésil. Les principales étapes de sa vie et de ses activités scientifiques et politiques sont résumées ci-dessous.

A l’observatoire de Paris (1854-1858) :

En 1854, il rejoint l’Observatoire de Paris, où il devint astronome titulaire à l’âge de 30 ans. Il travailla, suite au décès d’Arago, sous les ordres de Le Verrier, dans une ambiance parfois difficile. Il poursuivit ses études météorologiques sur la pression barométrique, la mesure du vent, l’électricité atmosphérique… Il s’est attaché plus particulièrement aux questions de transmission des informations météorologiques et de prévision du temps.
E. Liais a participé à l’amélioration d’appareils de mesure du temps et de méthodes et d’instruments destinés au repérage de la position des astres, tout spécialement la mise au point d’un système d’horloge (régulateur) et d’un chronographe électrique . Il s’est également consacré à des recherches sur le magnétisme terrestre.

Premier séjour au Brésil (1858-1864)

Afin d’observer l’éclipse solaire du 7 septembre 1858, il est parti pour le Brésil, pays où il effectuera plusieurs séjours, menant des expéditions géologiques et hydrographiques, tout en continuant ses observations astronomiques (découverte en février 1860 d’une comète double…). Ses travaux ont été très remarqués, et l’Empereur du Brésil a suivi avec enthousiasme ses recherches.

Retour en France (1864-1867)

Durant cette période il publia deux ouvrages importants : le Traité d’Astronomie destiné principalement aux professionnels, mais il semble qu’il n’ait pas été beaucoup lu ; et l’Espace céleste , pour le grand public, agrémenté de nombreuses gravures et de reproductions de dessins de Mme Liais (sites et scènes d’expéditions auxquelles elle avait participé aux côtés de son mari.
Ces aquarelles ornent les murs de la salle de lecture : clair de lune ; aquarelle paysage ; aquarelle village .


Second séjour au Brésil (1867-1871)

Il participa à l’étude d’un projet de chemin de fer de Rio de Janeiro à Sabara, et il voyagea accumulant de nombreuses observations.
Avant son départ pour la France en 1871, le gouvernement l’appela à exercer les fonctions de Directeur de l’Observatoire de Rio de Janeiro (qu’il assumera réellement qu’à son retour en 1874), et de Président du Bureau des longitudes du Brésil.
Portrait d'E. Liais au Brésil.

Second retour en France (1871-1874)

Cette période est marquée par la parution de deux ouvrages, l’un scientifique (Climats, géologie, faune et géographie botanique du Brésil), et l’autre d’ordre politique (Suprématie intellectuelle de la France). Ce dernier ouvrage a été écrit après la défaite de la France en 1870-1871, et correspond à une réaction de défense nationaliste.
De plus, il a adressé des notes à l’Académie des Sciences de Paris.
A la fin de ce deuxième séjour en France, Mme Liais est décédée, le 29 mai 1874, des suites de fièvres tropicales contractées au Brésil. Il reste d’elle une série d’aquarelles faites au Brésil.

Troisième et dernier séjour au Brésil (1874-1881)

Il a aménagé et organisé l’Observatoire de Rio de Janeiro , l’orientant vers la recherche.
A partir de 1878 une dispute éclata avec son collègue Manoel Pereira Reis, et sa position à la tête de l’observatoire devenant de plus en plus difficile, il démissionna au début de l’année 1881 pour retourner dans sa ville natale.

Retour définitif en France et carrière politique (1881-1900)

Il publia une deuxième édition de l’Espace céleste, ajoutant entre autre quelques commentaires, traduisant encore à cette époque son ressentiment à l’égard de Le Verrier, et ses regrets suite à son échec à l’Académie des Sciences.
En 1884, il se lance dans la politique, respectant les vues exprimées dans son livre « Suprématie intellectuelle de la France » (1872). E. Liais fut maire de Cherbourg à deux reprises : de 1884 à 1886, puis de 1892 à sa mort en 1900. Il fut également conseiller général de 1892 à 1900. Il connut de fortes rivalités, en particulier, avec le député François la Vieille. Du fait de l’opposition d’une majorité du conseil, il prit la décision de démissionner de ses fonctions de maire en décembre 1886.
En 1892, il cède aux sollicitations et est élu maire le 15 mai à la quasi-unanimité, élection bien accueillie dans le public. Durant cette deuxième période en tant que maire, il n’a pas connu de difficultés aussi intenses que durant la première période. Un des événements les plus marquants de cette magistrature fut la visite du tsar Nicolas II à Cherbourg en 1896.
Il s’attacha à améliorer les services météorologiques locaux, le trafic des trains entre Cherbourg et Paris, il s’occupa de l’établissement de lignes de tramways à Cherbourg, de l’épuration de l’eau alimentant la ville…

Le 5 mars 1900, Emmanuel Liais mourait dans sa maison de la rue de l’Abbaye à Cherbourg.
Il repose au cimetière d'Hardinvast à proximité de Cherbourg. La sculture de sa stèle a inspiré le logo de la Société.

Peu avant sa mort, il légua ses biens à la ville de Cherbourg (sa maison devenue Musée d’Histoire naturelle et d’Ethnographie, le parc qui porte son nom, sa bibliothèque jointe à celle de la Société des Sciences), sous diverses conditions (construction d’un local permettant de loger la bibliothèque de la Société ; entretien des biens ; ouvrir au public et subvenir aux besoins de la Société des Sciences dans sa gestion de la bibliothèque). Il dota sa ville natale d’une splendide collection de plantes exotiques.



Bibliographie d’Emmanuel Liais : principaux titres
Théorie mathématique des oscillations du baromètre et recherche de la loi de la variation moyenne de la température avec la latitude, Paris, Bachelier, 1851 Recherches sur la température de l’espace planétaire, Cherbourg, Lecauf, 1853

De l'emploi de l'air chauffé comme force motrice, Paris, [s.n.], 1854

De l’emploi des observations azimutales pour la détermination des ascensions droites et des déclinaisons des étoiles, Cherbourg, Bedelfontaine, 1858

Influence de la mer sur les climats, ou, résultats des observations météorologiques faites à Cherbourg en 1848, 1849, 1850, 1851, Paris, Mallet-Bachelier ; Cherbourg : Bedelfontaine et Syffert, 1860

L’Espace céleste et la nature tropicale. Description physique de l’univers d’après des observations personnelles faites dans les deux hémisphères, Paris, Garnier Frères, 1865

Hydrographie du haut San-Francisco et du Rio das Velhas : ou, Résultats au point de vue hydrographique d'un voyage effectué dans la province de Minas-Geraes, Paris, Garnier ; Rio de Janeiro, Garnier, 1865

Notice sur les travaux scientifiques de M. Emmanuel Liais, Paris : Gauthier-Villars. 1866

Traité d’astronomie appliquée à la géographie et à la navigation ; suivi de, La géodésie pratique, Paris, Garnier, 1867

Climats, géologie, faune et géographie botanique du Brésil, Paris, Garnier Frères, 1872

Suprématie intellectuelle de la France. Réponse aux allégations germaniques, Paris : Garnier. 1872

L’espace céleste, ou, Description de l’univers : accompagnée de récits de voyages entrepris pour en compléter l’étude, Paris, Garnier Frères, 1881



Nombreuses notes présentées dans les C.R. de l’Académie des Sciences de Paris

Références présentant Emmanuel Liais :
Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, 1852. Paris, Baillière.

Dictionnaire biographique comprenant la liste et les biographies des notabilités du département de la Manche, 1894. Paris : H. Jouve.

Jacques Ancellin, 1985. Un homme de science du XIXe siècle : l'astronome Emmanuel Liais, 1826-1900, Mémoires de la Société des Sciences de Cherbourg. Coutances, OCEP.

Fabien Locher, 2008. Le Savant et la Tempête. Étudier l’atmosphère et prévoir le temps au XIXe siècle, Presses universitaires de Rennes, coll. « Carnot », Rennes, (sur l'action de Liais au sein de l'Observatoire de Paris).